Comme certains fruitiers et fleurs, la vigne ne porte des raisins que sur les sarments de l’année, ancrés sur des sarments de l’année précédente. Cette « fertilité sélective » dépend des cépages mais sur nos cépages béarnais, cette règle est primordiale. Ce seront aussi les 3ème et 4ème bourgeons du sarment de l’année qui porteront les grappes.
On sélectionnera donc 2 sarments (longs bois, astes ou tiras) de 7 à 8 bourgeons, qui donneront dans les meilleurs des cas 10 à 12 grappes chacun, ils ne sont jamais tous fertiles. Le nombre de bourgeons laissés conditionnera donc la quantité de récolte à venir !
Nos mansengs, courbus et autres sont poussants, ils sont traditionnellement plantés à 1.30m ou 1.50m l’un de l’autre pour laisser la place de lier les 2 astes en arcure de chaque côté de la souche.
C’est la taille Guyot double.
Aujourd’hui, les écartements sont réduits (1m à 1.2,) : on préfère avoir moins de raisins par souche mais plus de souche à l’hectare.
Remarque :
En Languedoc par exemple, les cépages ont des sarments fertiles sur la base : on peut donc tailler uniquement en coursons de 2 bourgeons : c’est la taille en gobelets.
Il n’y a pas de palissage, les sarments retombent donc et donnent cette forme de parapluie à la souche : les raisins pendent sous le feuillage et sont donc protégés du soleil très chaud.
La vigne est une liane, la taille est donc capitale pour limiter sa pousse et la contraindre à produire des raisins. C’est par contre une opération très mutilante qui va générer des plaies de taille qui peuvent être des « portes d’entrée » pour des maladies, mais qui vont aussi générer des cônes de dessication dans la souche qui deviendront de véritables chicanes pour la circulation de la sève.
Le Dr Poussart (début du siècle), avait mis en évidence des techniques de sélection des sarments à éliminer pour limiter et positionner les coupes du même côté du sarment porteur et favoriser ainsi le flux de sève de l’autre côté.
Avec la recrudescence des maladies du bois dont l’Esca, nous pratiquons aujourd’hui la « taille Poussart ».
Pour limiter l’allongement de la souche, le ou les 2 coursons (sarment à 2 bourgeons) laissés sur le « vieux bois » donc non fructifère serviront pour porter les astes de l’année à venir.